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La traduction juridique : confronter deux systèmes, deux démarches, deux cultures

La mondialisation et la migration humaine multiplient les demandes de traduction juridique. La nature des documents à adapter dans la langue cible est extrêmement variée. Ce travail de traduction ne s’improvise pas. Seul un expert en la matière est capable de livrer une traduction juridique haut de gamme.

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Qu’est-ce que la traduction juridique ?

La traduction juridique nécessite à la fois la maîtrise du vocabulaire du droit dans les deux langues, mais aussi celle des techniques de traduction. Elle consiste à transposer le contenu juridique de termes du droit d’un pays à celui d’un autre. Pour une traduction de contrat en anglais, le traducteur doit par exemple maîtriser à la fois le vocabulaire juridique français et le vocabulaire juridique anglais.

En matière de traduction juridique, l’exactitude linguistique est insuffisante. Le concept à traduire peut en effet véhiculer une autre image dans le droit de la langue cible que dans le droit de la langue d’origine. Il faut donc maîtriser le droit comparé, c’est-à-dire la science qui consiste à comparer les différents systèmes juridiques du monde. Pour réaliser une mission de traduction juridique, votre partenaire doit donc être à la fois linguiste et juriste.

Le langage juridique : qu’est-ce que c’est ?


La traduction juridique nécessite de confronter deux systèmes, deux démarches et deux cultures juridiques différentes. Ce n’est pas une science exacte, c’est-à-dire universelle, au même titre que les mathématiques, la physique ou la chimie. L’étude du vocabulaire juridique anglais et français confronte le traducteur à une réalité difficile : nombreuses sont les notions propres à chaque système juridique.

Ainsi, des termes comme « intime conviction », « notaire » ou « Cour de cassation » n’ont pas d’équivalent dans le vocabulaire juridique anglais. Dans son article intitulé « Le traducteur juridique face à la différence », l’angliciste Malcolm Harvey évoque 4 techniques pour aborder ce problème. Chacune d’entre elles présente à la fois des avantages et des inconvénients.


  1. L’équivalence culturelle : cette technique consiste à choisir un référent comparable dans la langue cible. Ainsi, High Court peut être utilisé comme équivalent de « Tribunal de grande instance ».

  2. L’équivalence linguistique : cette option consiste à traduire l’expression source mot à mot, dans le respect de la grammaire et de la compréhensibilité. « Notaire » devient alors notary et « Cour d’assises », assize court.

  3. La traduction descriptive : cette solution consiste à utiliser une expression suffisamment courte et éloquente dans la langue cible. Pour rester dans le cadre du vocabulaire juridique anglais et français, « délit » peut par exemple devenir major offence.

  4. La transcription : cette possibilité consiste à réutiliser le terme de la langue source, en ajoutant éventuellement une glose dans la langue cible. « The Tribunal de police » pourrait par exemple être utilisé en anglais.

Groupe travaillant sur un projet avec ordinateur portable

Quelles sont les difficultés du vocabulaire juridique pour le traducteur ?

Dans un texte écrit pour accompagner l’adaptation de Shakespeare par son fils, Victor Hugo décrit la grandeur du métier de traducteur. « Les traducteurs ont une fonction de civilisation. Ils sont des ponts entre les peuples. Ils transvasent l’esprit humain de l’un chez l’autre. Ils servent au passage des idées. C’est par eux que le génie d’une nation fait visite au génie d’une autre nation », écrit-il.

En matière de traduction juridique, cet acte de « transvaser l’esprit humain » comporte des risques pour le linguiste. En effet, le traducteur et juriste de droit comparé engage sa responsabilité en cas d’erreur. Quels sont les difficultés liées au vocabulaire juridique ?


  • Le vocabulaire juridique français est vaste et la nature des documents, à son image. La nature du texte à traduire doit déterminer la manière de l’aborder. Les agences spécialisées reçoivent des demandes extrêmement variées, allant de la traduction du contrat en anglais à celle de l’acte de naissance, titre de séjour, statut de société, casier judiciaire ou relevé de notes. Le linguiste doit exécuter la traduction en fonction de l’objectif du document.

  • La traduction juridique oblige le prestataire à faire des choix linguistiques importants. Parfois, la traduction de termes juridiques devient une décision philosophique. En effet, elle impose au linguiste des réflexions approfondies. Comment traduire un nom de juridiction sans équivalent dans la langue cible ? Pour la traduction de vocabulaire juridique français en anglais, une solution consiste par exemple à laisser des termes comme « Cour de cassation » ou « Conseil d’État » dans la langue de Molière.

  • Les mots ont une valeur qu’il convient de transmettre. Certains mots véhiculent une charge émotionnelle importante. À tout moment, le traducteur doit évaluer les conséquences que ses choix linguistiques auront sur le lecteur. Or, « on ne traduit pas seulement un lexique, mais aussi une façon de vivre et une façon de penser » explique la traductrice et écrivaine Marie José Thériault dans un entretien oublié par Spirale.

  • Le vocabulaire juridique et les phrases à rallonge peuvent compliquer la tâche du traducteur. Contrairement aux idées reçues, les textes juridiques ne sont pas toujours bien rédigés. Il n’appartient pas au linguiste de lever les ambiguïtés potentielles du texte source. En revanche, il peut se libérer de contraintes stylistiques en exploitant par exemple les règles de ponctuation de la langue cible.

Pourquoi faire appel à un expert de la traduction juridique ?


On ne s’improvise ni traducteur ni juriste. Au-delà de cette évidence, un traducteur généraliste ne s’improvise pas traducteur juridique – ni un juriste, traducteur. En plus d’être spécialiste du droit comparé, le traducteur juridique maîtrise les principes qui permettent de livrer une bonne traduction.


  • Le traducteur reste toujours fidèle au texte source. Il résiste à la tentation d’opérer des choix linguistiques pour améliorer ou clarifier la version originale du texte. Si le texte source est approximatif ou inexacte, il ne le corrige pas dans la langue cible. En revanche, il prend le temps de signaler l’erreur à l’agence de traduction juridique qui lui a confié le contrat. Cette dernière peut ensuite informer le client, à qui appartient la décision de modifier ou non son contenu d’origine.

  • Le traducteur prend en compte la dimension psychologique du contenu original. Le texte source éveille des images et des émotions bien précises chez le lecteur. Transposer ces éléments dans le texte cible est aussi indispensable que complexe. En effet, l’imagination et les émotions sont tout à fait individuelles. Le défi est alors pour le traducteur d’utiliser sa sensibilité tout en restant le plus objectif possible. Cependant, le facteur humain est inhérent au processus de traduction – c’est la raison pour laquelle la traduction n’est pas une science exacte. La traduction de termes juridiques impose davantage de proximité entre la source et la cible que d’autres disciplines du métier, comme la transcréation.

  • Le traducteur accepte uniquement des missions qui correspondent à son domaine de compétences. En général, seuls les linguistes réalisent à quel point les métiers de la traduction sont variés. Pour vous faire une idée, cherchez les points communs entre la traduction d’un contrat en anglais et la transcréation d’une signature de marque. Au-delà de la dimension linguistique de l’exercice, il s’agit de deux services complètement différents. Votre agence de traduction juridique ne peut donc pas confier vos textes à n’importe quel traducteur. Par ailleurs, ce dernier doit être capable d’évaluer objectivement sa capacité à remplir chacune des missions de traduction juridique qui lui sont confiées. En cas de doute, mieux vaut refuser une tâche ou demander de l’aide.

Ordinateur portable, tablette numérique et balance en premier plan. Contexte de justice et de droit. Avocat travaillant avec un smartphone.

Les agences de traduction juridique françaises livrent-elles des textes de qualité ?


Pour la traduction juridique de vos documents, évitez absolument de faire appel à un traducteur généraliste. Contactez plutôt une agence de traduction juridique spécialisée. Assurez-vous de la discrétion de votre prestataire qui doit respecter l’éventuelle confidentialité de vos dossiers. En outre, renseignez-vous sur l’expertise du linguiste qui s’occupera de votre traduction juridique.

Certaines traductions juridiques doivent être assermentées. Les administrations exigent presque systématiquement cette législation. Tandis qu’environ 50 % des notaires et des avocats la demandent, c’est rarement le cas des écoles, universités et services de santé. Une bonne agence de traduction juridique dispose d’un réseau de traducteurs assermentés capable de répondre à cette demande.

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